Une nymphe thermale gallo-romaine énigmatique
28 juillet 2011 22:47 0 messages
La recherche d’énigmes pour le dernier logiciel du Terrier actuellement développé par un stagiaire de Ryxeo, Dis Moi Quand, m’a lancée sur les traces d’une nymphe gallo-romaine représentée dans le Magasin Pittoresque de 1876 (tome XLIV, février 1876, p.46-48).
D’après l’article, cette coupe en argent avait été trouvée à la fin du XVIIIème siècle dans le val d’Otañès entre Santander et la mer, puis perdue ; elle n’était connue que par le dessin ci-dessus pris pour l’Académie d’histoire de Madrid permettant de dater sa fabrication du milieu du II° siècle de l’ère chrétienne.
D’après l’inscription gravée au revers, elle avait appartenu à L(ucius) P(ompeius) CORNELIANI(us), pesait III (livres) et II (scrupules) ; soit d’après le tableau des équivalences de wikipedia près d’un kg :
- 1 livre = 96 drachmes
- 1 scrupule = 1/3 de drachme
Le dessin représente la nymphe de la source UMERI dans la pose ordinaire des fleuves, épandant de son urne un flot abondant, qui est recueilli dans un bassin de pierre. Là un homme, vêtu comme l’étaient les esclaves, puise l’eau pour en remplir un grand vaisseau ; d’autres, plus bas, en versent, à l’aide d’amphores, dans une de ces vastes outres qu’on chargeait sur des voitures (pour transporter aussi d’autres liquides, comme l’huile ou le vin).
Un autre esclave offre, sur la droite, un gobelet plein d’eau à un vieillard assis dans un fauteuil de malade.
On voit encore, au fond de la coupe, deux autres figures : l’une est celle d’un berger sacrifiant sur un autel, l’autre celle d’un personnage en toge faisant au-dessus d’un autre autel une libation.
Quelques recherches plus tard...
Cette coupe a été déclarée Bien d’Intérêt Culturel le 25/11/2000 (BOC) et a été exposée en 1999 à Santillana del Mar, dans le cadre de l’exposition : Cántabros. La génesis de un pueblo, organisée par la Caja Cantabria.
Un extrait du bulletin de la "Real Academia de la Historia" sur les "inscripciones-romanas-del-valle-de-otaes" donne une description très complète de cet objet, mais soulève plus de questions qu’il ne donne de réponses. Cet extrait commence par une citation des actes inédits de l’Académie de 1826, 1832 et 1895.
Voici la description en latin de HUBNER (2.917), le spécialiste allemand :
Voici également une identification botanique (en espagnol) du rameau tenu par la nymphe, proposée par le Pr. Laguna :
Connues en français sous le nom de renouée persicaire, et de persicaire bitorte, ces plantes ont donc des propriétés astringentes.
Les arbres de chaque côté de la source seraient du chêne, du châtaignier ou du hêtre.
La description des scènes, des personnages, des vêtements, du mobilier pages 13 et 14 sont d’une précision remarquable, avec de nombreux termes en latin et leur équivalent espagnol. : j’ai même commencé un tableau... perfectible.
LATIN | ESPAGNOL | FRANÇAIS |
pedum | cayado | bâton |
galerus | gorro de pelo | bonnet |
carbatinas | abartas | espadrilles |
toga praetexta | toge prétexte | |
campagos | botas altas | grandes bottes |
scimpodium | sillon de enfermo | |
tunica interior | traje de casa | tunique d’intérieur |
anfora | amphore | |
dolium | tonel | |
petorritum | carro de 4 ruedas |
Et voici quand même une reproduction de l’original :
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